Babel
Réalisé par Alejandro González Inárritu
Avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Gael Garcia Bernal
Avant de voir le film, on se dit: "Merde, je vais m'emmerder 2h20 devant un film chiant, pseudo-satire d'un monde mondialisé aux oppositions flagrantes, et merde, je connais mes cours de géo, j'ai pas envie de voir Babel! Je veux voir Zodiac mamaaaaan!!". Et puis non.
A vrai dire, je m'attendais à voir une sorte de film "documentaire-like" sans goût et sans finesse, une sorte de panorama mondial insipide et ressassé, un truc sans gueule et sans classe, un film qui n'en est pas un, quelque chose de facile. Et... Non. Non. Non, Babel est sans conteste l'un des meilleurs films de l'année 2006!
Babel nous peint une formidable fresque de quatre destins qui se croisent sans se croiser. Deux gamins de berger dans un recoin paumé dans le désert marocain jouant avec un fusil de chasse. La balle atteint une Américaine dans un bus de touristes. En parrallèle, l'histoire d'une adolescente japonaise sourde-muette en manque d'affection masculine (elle en tient une couche la pauvre...) et celle d'une nourrice mexicaine clandestine. Quels rapports entre les gamins marocains, les touristes, la japonaise et la nourrice? Tout finit par se rejoindre plus ou moins (provenance du fusil, responsabilité de la nourrice, etc...) et on assiste à une merveilleuse illustration de ce que l'on appelle vulgairement l'effet papillon, ou comment un fusil offert par un chasseur japonais à un berger marocain peut engendrer un film aussi surprenant et émouvant que Babel, et une parfaite satisfaction du spectateur à la sortie de la salle, qui cracherait presque sur l'affiche de Zodiac s'il ne l'avait pas vu et s'il ne respectait pas David Fincher pour The Game, Seven et Fight Club, mais aussi pour Brad Pitt, magnifiquement vieilli et transformé dans ce film. Car si l'on connaît le Brad beau-gosse et quelque peu "viens-là que je te foute ta raclée", le Brad de Babel n'est pas le même: merde, il faut le dire: lui aussi est surprenant.